Une suite d’extraits choisis du rapport définitif Université/emploi (remis le 24 octobre 2006)
Le rapport complet : www.recherche.gouv.fr/rapport/rapporthetezl.pdf
« Formation tout au long de la vie : C’est un fantastique levier d’évolution de la formation initiale car si les universités développent leurs actions dans ce sens, elles pourront aisément capter les évolutions sociétales en matière de formation et aussi mettre en place de véritables dispositifs de « fertilisation croisée » entre la formation continue et la formation initiale. Si la formation tout au long de la vie se développe, alors les étudiants percevront différemment leur formation initiale. »
Recommandations (extrait):
C.1. Revaloriser la licence et en faire un vrai diplôme qui procure des débouchés professionnels aux étudiants.
« ….Le marché du travail réagira à cette revalorisation « nationale ». Le L ne doit pas être la marche « à vocation » vers le M, mais doit avoir une visibilité forte qui permette naturellement une sortie vers le marché du travail. Le L, s’il est bien développé, peut devenir le véritable diplôme levier de l’égalité des chances. Il est cependant essentiel que les entreprises proposent bien des emplois correspondant à ce niveau licence. En tout cas, d’après les déclarations des représentants du monde de l’entreprise à la commission, celles-ci y seraient prêtes.
Pour que cette proposition de revalorisation de la licence devienne effective, il est important que les dispositifs de formation tout au long de la vie soient également valorisés et que les étudiants de formation initiale aient conscience, dès la licence qu’une partie de leur parcours de diplomation pourra s’effectuer tout au long de la vie, y compris par des dispositifs de valorisation des acquis de l’expérience (V.A.E.). »
C.9. Créer des dispositions pour les étudiants salariés et les auditeurs de la formation continue (au titre de la formation tout au long de la vie)
Il convient d’organiser les enseignements (horaires, rythme de l’année universitaire) de manière à les rendre davantage compatibles avec une activité professionnelle. Il serait sans doute opportun de décider, au niveau national, que les étudiants salariés ont droit à un crédit d’ECTS pour l’obtention de la licence. Par exemple pour l’équivalent de 6 mois d’activité professionnelle temps plein sur les trois ans. Les modalités de cette validation seront définies au niveau de l’établissement. Les étudiants ou auditeurs exerçant une activité professionnelle en relation avec les finalités de la formation suivie, pourront obtenir une dispense du stage obligatoire de licence après en avoir obtenu l’équivalence comme cela est par exemple déjà le cas au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM).
C.10. Mobiliser toutes les universités afin que tous les diplômes soient accompagnés d’un document annexe indiquant avec précision les compétences acquises en cours de formation
Ce document présente un double intérêt : il permet aux étudiants d’avoir une idée précise des compétences qu’ils ont pu acquérir au cours de leur formation universitaire ; par ailleurs, il leur facilite grandement la relation avec le marché de l’emploi qui est demandeur d’informations très détaillées en la matière.
D. DES PROPOSITIONS POUR RAPPROCHER DURABLEMENT UNIVERSITE ET EMPLOI
Il s’agit de passer du diplôme couperet à l’insertion professionnelle progressive et de créer davantage de passerelles entre le monde universitaire et le monde du travail.
Idéalement, ces passerelles doivent pouvoir se construire dans les deux sens : de l’Université vers le monde du travail mais aussi du monde du travail vers l’Université.
La validation des acquis de l’expérience (V.A.E.) ou encore la formation tout au long de la vie doivent s’intégrer dans les stratégies d’offre des établissements d’enseignement supérieur.
Ce n’est qu’ainsi que nous aboutirons à une véritable fluidité des parcours. Il convient de tout mettre en œuvre pour que l’expérience professionnelle devienne un levier d’activation et de valorisation du diplôme et que chaque étudiant puisse bénéficier d’une insertion professionnelle progressive qu’il sorte en L ou en M.
Le développement de l’alternance comme modalité de formation est largement plébiscité, notamment par les étudiants. Qu’il s’agisse de formation sous statut d’apprenti doté d’un contrat de travail ou d’une modalité de formation alternant les périodes de formation en milieu professionnel et la formation universitaire, la réflexion doit s’approfondir sur les aspects pédagogiques et organisationnels ainsi que sur l’aide apportée aux étudiants dans la recherche de stages et de contrats d’apprentissage.
L’alternance peut également se dérouler à l’échelle d’une carrière professionnelle où on alterne de plus en plus différents types de postes et différentes périodes d’adaptation à l’emploi. L’Université doit progressivement s’imposer comme un outil d’excellence de formation continue.
D.10. Inciter activement les universités à développer leurs actions en direction de la formation tout au long de la vie.
La France est dotée d’un corpus législatif et conventionnel en matière de formation continue des plus favorables et incitatifs. Les organisations professionnelles se sont prononcées unanimement pour le développement des conditions d’une « formation tout au long de la vie » qui est un enjeu individuel et sociétal. Si l’objectif que 50 % d’une classe d’âge soient diplômés de l’enseignement supérieur, actuellement, moins de 8 % des stagiaires de la formation continue passent par l’Université pour se former.
Créer une « université de la formation tout au long de la vie », c’est partir du postulat que la formation initiale – et donc le dernier diplôme obtenu- n’est pas une fin en soi.
Le potentiel de développement est donc très important et doit être accompagné de mesures renforçant l’organisation fonctionnelle de cette mission (clarifier l’organisation et les modes de développement de la formation continue au sein des universités). En particulier, la prise en charge et l’accompagnement du stagiaire doit être renforcé.
Il en résulte un triple impératif :
• valoriser l’apport financier et pédagogique de la formation continue au sein des établissements (à clarifier au sein des contrats quadriennaux),
• encourager chaque fois que possible la mixité des publics en formation au sein d’un même groupe (le retour en formation au cours de la vie professionnelle aura ainsi valeur d’exemple pour les étudiants en formation initiale qui bénéficieront en retour de l’apport d’expérience de leurs aînés)
• rendre plus lisible notamment à partir du Répertoire National des Certifications Professionnelles (RNCP) et des pratiques initiées en VAE toute l’étendue de l’offre de formation.
D.12. Favoriser les étudiants qui travaillent durant leurs études en permettant d’exclure les revenus liés à cet emploi dans le calcul du plafond d’éligibilité our les bourses de l’enseignement supérieur.
Cette mesure est de nature à ne pas pénaliser les étudiants qui décident de travailler et ainsi d’avoir un contact avec le monde professionnel.
Les pouvoirs publics devraient réétudier la question des étudiants qui travaillent afin que le fait de travailler n’ait pas d’incidence financière pénalisante pour les étudiants qui le font. D’autant que le pourcentage de jeunes qui, en France, combinent emploi et études est de 10,8 %. A titre de comparaison, en Allemagne, ce chiffre est de 30,8 %, au Royaume-Uni de 35,1 % et aux Pays-Bas de 58,3 %.
D.13. Inciter les universités à développer des dispositifs qui permettent de combiner études et travail à temps partiel
Il s’agit bien entendu de cibler avant tout les situations de temps partiel choisies. Cela procède d’une vision réellement progressive de la professionnalisation. Aujourd’hui, de plus en plus d’étudiants mais aussi de salariés aspirent à pouvoir combiner une activité professionnelle et une activité de formation. La mise en place de dispositifs facilitateurs est de nature à garantir une plus grande fluidité des parcours individuels tout en satisfaisant une demande légitime.
E. CREER UN PARTENARIAT UNIVERSITES/EMPLOYEURS POUR LA CROISSANCE
E.1. Utiliser tous les leviers d’un partenariat actif entre les entreprises et les universités.
…
• S’impliquer pleinement aux côtés des universités pour la construction des diplômes professionnels du LMD mais aussi pour professionnaliser les diplômes plus généralistes
• Travailler avec les universités pour construire des référentiels de compétences transférables y compris pour les diplômes des disciplines générales
• Mobiliser leurs cadres, actifs ou retraités, pour toute une série d’activités devant les étudiants telles que des conférences, des participations à des modules de formation ou à l’aide à la construction des projets professionnels des étudiants ….
• Contribuer à une extension significative des formations par alternance, apprentissage, contrats de professionnalisation, stages longs, en priorité pendant l’année qui précède la sortie vers la vie professionnelle de l’étudiant
• Recourir davantage à l’Université pour satisfaire les besoins en formation continue de leurs équipes
E.3. Rendre opérationnelle une véritable gestion prévisionnelle des emplois du côté de la fonction publique et faire en sorte que les fonctions publiques fassent confiance aux universités pour la formation de leurs fonctionnaires
« …Les fonctions publiques doivent montrer l’exemple en faisant davantage confiance à l’université pour la formation de leurs fonctionnaires. A certains endroits, le processus est fortement engagé. C’est ainsi, par exemple, que les instituts de formation des maîtres (IUFM) vont intégrer les universités. Toutefois, il est souhaitable qu’une telle démarche se généralise. »